Maux par mots – Marie-Sophie Peytou
L'humeur du temps

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vendredi 17 avril 2020 Vie de famille
Les émotions, saison 3 Poursuivons un peu notre réflexion sur les émotions…
Depuis le début du confinement, chacun de nous a peut-être de plus en plus de mal à supporter les personnes avec lesquelles elles se trouvent « enfermées » (si vous avez la chance de ne pas être seul !). Aujourd'hui, j'avais envie de vous proposer quelques idées pour vous positionner quand vous vous sentez agressé par le comportement ou les paroles de l'un de vos proches. Il peut être utile de rappeler, avant de commencer, que ce que vous ressentez comme une agression n'est pas forcément faite de façon délibérée, autrement dit la personne qui vous a blessée ne l'a peut-être pas fait exprès ! Cela devrait déjà enlever un peu de charge émotionnelle à ce que vous ressentez : avoir mal en se disant que l'autre l'a fait exprès, c'est encore plus difficile à accepter.



En gros, on peut dire qu'il y a 5 manières de réagir face à une agression :

1 La méthode paillasson : on se tait, on ne dit rien, on encaisse pour ne pas faire d'histoire.
Cette attitude peut avoir son intérêt à condition qu'elle ne dure pas trop longtemps et qu'une franche explication ait lieu avec « l'agresseur », quand les émotions seront apaisées, ce qui est rarement le cas. En fait, la personne qui adopte le comportement paillasson risque de rester sous pression et d'exploser un jour à propos d'une broutille : c'est le syndrome de la cocotte minute !
Ou bien, lorsque la personne parvient à se dominer pour ne pas exploser, elle risque d'accumuler de la tristesse et même une colère sourde, qui pourra se manifester par des signes somatiques : insomnies, mauvaise digestion ou problèmes de peau...


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2 La méthode hérisson (ou rhinocéros ou ping-pong... au choix !) : on m'agresse, je réponds immédiatement et je sors mes griffes. Evidemment, il n'y a pas de risque d'accumuler des «émotions négatives à l'intérieur de soi, puisqu'elles sont immédiatement extériorisées. Mais cette attitude risque d'avoir un effet pervers : une escalade de la violence, puisque l'autre personne va réagir à son tour et que ce sera un combat sans fin, dont le seul objectif est d'avoir un perdant ou un gagnant. Ce n'est pas la meilleure façon d'obtenir réparation, avouons le !
D'autre part, la personne qui répond est en quelque sorte prisonnière de celle qui l'a agressée : elle ne fait que répliquer, répondre : elle n'agit pas en fonction de ce qu'elle désire mais de ce que l'autre fait. Elle en est dépendante en quelque sorte. Il y a un jeu de pouvoir que les enfants savent mener de façon très habile : combien de parents avouent après un conflit avec leurs enfants : « Il m'a cherché ! », un peu comme si leur comportement avait été dicté par l'enfant.

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3 La troisième attitude consiste à s'éloigner de la personne (l'agresseur en quelque sorte), ce qui ne signifie pas que l'on va aller bouder. Se mettre à l'écart permet d'apaiser les tensions et de faire un retour sur soi de façon un peu plus objective. C'est aussi un moyen de se protéger si l'autre est réellement en colère.



C'est à ce moment là que la situation devient intéressante…et que l'on pourra alors trouver de nouvelles solutions pour résoudre la difficulté.
Ainsi, on pourra envisager deux autres attitudes possibles:

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4 La quatrième attitude consiste à prendre conscience de ses émotions/sentiments et des besoins qui en découlent. Nous réalisons alors ce que les paroles ou les attitudes de l'autre ont touché en nous. Il sera alors possible de dire à l'autre ce que nous ressentons et pourquoi nous avons souffert, en n'oubliant pas que ce n'est peut être pas exprès qu'elle nous a blessé.


Faire cela est un excellent moyen de faire progresser la relation, au lieu d'accumuler des rancœurs et de faire la tête, sans donner d'explication. Cela permet de progresser dans la connaissance mutuelle !

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5 La dernière attitude est aussi très intéressante : il s'agit de se concentrer sur les émotions et les besoins de l'autre, tels qu'ils semblent exprimés. C'est-à-dire prendre conscience des blessures éventuelles de l'autre, de ses manques ou attentes. Si nous partons du principe ce n'est pas contre nous que la personne en a, mais qu'elle projette sur nous ses propres souffrances ou besoins non-comblés, cela peut apporter un éclairage nouveau sur la situation. Cette attitude peut être vraiment positive quand on constate chez l'autre un comportement très différent de son comportement habituel : une colère soudaine, ou au contraire un silence pesant, ou bien des remarques ironiques…C'est bien le signe que quelque chose ne va pas chez l'autre (et pas chez nous !). On peut alors mettre entre parenthèse la blessure que l'on a ressentie pour se mettre à l'écoute des besoins de l'autre.



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Voilà un petit résumé qui pourra peut-être vous aider dans les circonstances actuelles. Mais pour que cela ne vous paraisse pas trop théorique, je vous promets, dans les prochains jours, de vous donner des exemples concrets dans la vie de couple ou avec vos enfants. Il va de soi que cette rubrique concerne des relations tendues mais "normales" entre les personnes; elle est clairement inadaptée dans des situations de violences physiques ou morales, ou des tentatives de manipulation.
A très bientôt.
 
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