Maux par mots – Marie-Sophie Peytou
Les réponses à vos questions

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Travail personnel
Comment trouver sa mission de vie ? j’ai 50 ans et je me demande si ce n’est pas trop tard… Voilà une question qui est souvent abordée dans la cadre de stages de développement personnel et que j’entends aussi durant mes accompagnements logothérapeutiques.
En premier lieu, cette question s’appuie sur une certitude qui me parait tout à fait juste : chacun de nous est unique et possède des talents qu’il peut (et doit) mettre en œuvre, et c’est cela qui le rendra heureux. Avoir la certitude qu’on a une mission à mener durant sa vie permet aussi de prendre du recul par rapport à toutes les croyances de notre époque, en particulier cette illusion que le bonheur se trouve dans la consommation, la recherche du bien-être et la fuite de ses responsabilités.


Pour commencer à vivre, disons-le, il n’est jamais trop tard. Le film « Vivre », que j’ai analysé dernièrement nous raconte l’histoire d’un homme qui a réalisé sa mission de vie 6 mois avant sa mort (https://www.mauxparmots.fr/lire_ecouter_voir-53.html) ! Mais si vous préférez un exemple de la vie réelle, je pourrais évoquer un couple qui a décidé, à la retraite, de s’occuper des enfants des rues au Cambodge : leur histoire originale est racontée dans le film « Les pépites »: https://www.mauxparmots.fr/lire_ecouter_voir-40.html Précisons quand même que leur mission s’est appuyée sur trois atouts indispensables : une connaissance précise du pays, un certain nombre de compétences (organisationnelles en particulier) et enfin un réseau qui a pu les soutenir tout au long de leur entreprise. Ils ne sont pas vraiment partis totalement à l’aventure. Leur « mission de retraite » était la suite logique de la vie qu’ils avaient menée avant, une forme d’aboutissement.
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En réalité, j'aimerais vous inviter à sortir d'une vision romantique, voire héroïque, de la mission de vie. La plupart des personnes trouvent petit à petit le sens de leur vie, dans le quotidien de leur existence et sans peut-être en avoir conscience. Tout le monde n’est pas obligé d’avoir une vie hors des sentiers battus et fortement médiatisée. Il est des héros silencieux et méconnus dont on ne comprendra qu’à la fin combien ils ont accompli jusqu’au bout leur mission, à l’image d’une tapisserie dont on ne voit que l’envers et dont on ne comprend le sens que lorsqu’elle est achevée et qu’on la retourne.


J’ajouterais d’ailleurs que même des personnages plus médiatiques ne sont pas toujours les mieux placés pour s’exprimer sur le sujet. Ainsi, je ne sais pas si Frankl aurait pu répondre de façon très claire à ce qu’était sa mission de vie ! il a répondu à cette question, à la fin de son existence, avec une phrase humoristique : « le sens de ma vie, c’est d’aider les gens à trouver…le sens de leur vie ». De même, je ne sais pas si Arnaud Beltrame, lorsqu’il a échangé sa vie contre celle d’une femme, lors de la prise d’otage de Trèbes, a eu conscience qu’il accomplissait sa mission de vie. Il a simplement répondu présent quand les circonstances se sont présentées !


C’est pourquoi, il me semble qu’il faudrait se garder de croire qu’on définit soi-même sa mission de vie : elle est très souvent une réponse aux questions « que la vie nous pose » comme le dit Frankl. Il s’agit donc d’être présent à soi-même, à l’écoute de sa vie intérieure et de la voix de sa conscience, des valeurs qui sont essentielles pour nous. Cultiver sa « vie intérieure » c’est tout le contraire de ce qui nous est proposé aujourd’hui, où tout nous incite à passer notre temps sur les réseaux sociaux ou devant les séries type Netflix. Notre mission de vie se découvre peu à peu, dans les engagements que l’on prend en fonction des valeurs qui nous attirent, et qui petit à petit montrent leur cohérence. Bien que Frankl accorde une grande importance à la liberté de la volonté, il n’est pas un volontariste forcené ; on retrouve dans ses écrits une sorte de vision laïque de la Providence : la Vie a mis sur ma route cette personne, cet événement…que vais-je en faire ? Comment puis-je répondre aux questions et aux défis qui se posent à moi, dans ma vie concrète ?

Vous me direz que je ne réponds pas vraiment à votre question,et vous aurez raison !En réalité, cette expression « mission de vie », même si j’en comprends le sens, ne me satisfait pas pleinement. Je pense que ce n’est qu’à la fin de sa vie, bien souvent, que l’on prend conscience de sa mission de vie, de ce fil rouge qui a guidé notre existence. Ce qui me semble essentiel en revanche, c’est de toujours chercher comment déployer le meilleur de son être, quelque soit les circonstances de l’existence, en particulier quand on ne les a pas choisies : il s’agit de rester attentif aux appels que la Vie nous envoie, et de faire face !


Lien permanant vers cette question : https://www.mauxparmots.fr/questions_reponses-18.html
 
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